
Source : Glouzilet News Edition -- (Agence GLOUZILET) Date : 11-04-2025 22:17:57 -- N°: 17 -- envoyer à un ami
Une Central nucléaire.oogle.co
L’Iran et les États-Unis doivent entamer samedi 12 avril des négociations sur le programme nucléaire iranien. Les deux pays envoient des émissaires au sultanat d’Oman. Tout au long de la semaine, les deux pays ont multiplié messages et mises en garde : affichage de bonne volonté mais aussi menaces avant d’entamer ces premières discussions sous l’ère Trump.
Le président américain Donald Trump plus habitué le monde à une fermeté vis-à-vis de l'Iran. Cette annonce de négociations à venir a donc pu surprendre, à commencer par l’un de ses grands alliés au Moyen-Orient : Israël dont le Premier ministre se trouvait à ses côtés à la Maison Blanche lorsqu’il a annoncé cette prochaine rencontre. Benjamin Netanyahu avait d’ailleurs le visage fermé, plutôt celui des mauvais jours. Avec la réélection de Donald Trump, le chef du gouvernement israélien espérait en effet retrouver son grand allié dans son combat contre l’Iran.
Sanctions
Lors de son premier mandat, le républicain avait pris le contrepied de son prédécesseur démocrate Barack Obama qui avait signé l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien. Pendant toute la campagne électorale de 2016, il n’avait eu de cesse de dénoncer « un très mauvais » texte. Et finalement, le 8 mai 2018, il a annoncé le retrait des États-Unis de cet accord. Dans la foulée, Donald Trump a renforcé les sanctions économiques visant la République islamique et accentué à son isolement international en œuvrant au rapprochement de ses alliés régionaux, pays du Golfe et Israël, pour créer un axe anti-Téhéran.
Il a repris sa politique de sanctions dès le début de son deuxième mandat : le 25 février, un mois après son retour à la Maison Blanche, le président américain a annoncé de nouvelles sanctions contre des acteurs du secteur pétrolier. Le but était d’exercer une « pression maximale » pour empêcher toute exportation de pétrole par l’Iran, et ainsi toucher un secteur-clé de l’économie iranienne. Et il menaçait de frapper les installations nucléaires du pays. « Il s’agira de bombardements comme ils n’en ont jamais vu auparavant », assurait-il.
Contexte régional
Mais en parallèle, Donald Trump, qui aime se présenter comme un faiseur d’accord, a voulu rétablir une forme de dialogue avec son ennemi iranien. Le mois dernier, le président américain a transmis, par l’intermédiaire des Émirats arabes unis, une lettre au guide suprême iranien, l’Ayatollah Khamenei. Il l’enjoignait de parvenir à un accord et lui donnait une échéance : deux mois avant de passer à l’option militaire.
« Croyez-le ou non, Trump est très allergique à la guerre. Il a vu ce qui s'est passé en Afghanistan et en Irak et il préfère éviter cette éventualité , analyse Holly Dagres, chercheuse au Washington Institute. Mais Trump est aussi une personne très difficile à cerner. Et on ne sait pas très bien jusqu'où il est prêt à aller »,relève la spécialiste de l’Iran.
Donald Trump doit également tenir compte d’un contexte régional différent de celui qu’il a connu durant son premier mandat. L’Iran est certes affaibli : le régime fait face à un mouvement de contestation interne, l'économie est touchée par les sanctions et ses alliés, le Hezbollah au Liban et Bachar el-Assad en Syrie, ont essuyé des défaites ces derniers mois. Mais l’Iran a aussi rompu une forme d’isolement : le pays a rétabli le contact avec ses voisins arabes.
« Ils avaient rompu leurs liens avec Téhéran après que des Iraniens ont pris d'assaut les missions saoudiennes à Téhéran et à Mashhad en 2016. Ces pays étaient alors très durs à l'égard de l'Iran , rappelle Holly Dagres. Mais les choses ont changé pour une série de raisons », souligne la chercheuse.
En 2019, des installations de l'entreprise pétrolière saoudienne Aramco ont été attaquées : « Je pense que l'Arabie saoudite s'est rendue compte qu'en cas d'attaque, les États-Unis ne viendraient pas à son secours. Elle a donc dû réévaluer sa façon de traiter avec ses voisins dans ce genre de situation. Et l'Iran a également vu là une occasion de désamorcer les tensions. »
Deux lignes.
Les deux pays ont donc finalement convenu d’une normalisation de leurs relations : l'accord a été signé à Pékin en mars 2023. Depuis, ils ont développé une « politique de bon voisinage . Et la région a beaucoup changé , indique Holly Dagres. Nous avons vu que le président iranien Massoud Pezeshkian avait déclaré il y a quelques mois : “vous voulez nous sanctionner? Allez-y ! Nous avons 15 voisins sur lesquels nous pouvons compter pour le commerce” . »
Si les deux pays reprennent langue, les États-Unis restent flous sur ce qu’ils attendent de ces négociations. « Je pense qu'il existe une division au sein de la Maison Blanche », dit Holly Dagres. Une ligne ferme, incarnée par le conseiller à la sécurité nationale, veut obtenir le démantèlement de toutes les installations nucléaires iraniennes et semble vouloir discuter aussi du programme balistique de Téhéran. Des demandes rejetées par Téhéran.
Une autre, incarnée par l’émissaire de Donald Trump pour le Moyen-Orient qui mènera ces négociations pour Washington, est plus pragmatique et souligne avant tout la nécessité de parvenir à un accord. « C’est que Trump a dit : il faut un accord nucléaire vérifiable d'une sorte ou d'une autre », relève Holly Dagres . Mais cette position peut évoluer en fonction de l’évolution des négociations et la réponse de l’Iran. L’imprévisibilité de Trump encore et toujours.