
Source : Glouzilet News Edition -- (Agence GLOUZILET) Date : 04-04-2025 17:19:05 -- N°: 11 -- envoyer à un ami
Les Langues mandingues en Afrique de l'Ouest (en jaune).https://
Les Malinkés ou Mandingues, ou encore Mandinkas, environ 10,5 millions, sont un peuple de la région ouest africaine (Mali, Côte d’Ivoire, Sénégal, Guinée, Gambie et Guinée Bissau). Les Malinkés pratiquent l’agriculture et l'artisanat en fonction des saisons. Beaucoup sont commerçants et parlent un Malinké commercial : le Dioula. Conséquence, le Dioula qui est une langue, peut être considéré comme « une ethnie » en Afrique de l’Ouest.
Pour atteindre donc leurs objectifs, Alassane Dramane Ouattara, ses conseillers et soutiens blancs, néocolonialistes, ont construit leur stratégie sur l’ethnicité, notamment sur la religion musulmane et la culture malinké. On l’a noté, elles couvrent un espace géographique qui transcende les frontières de la Côte d’Ivoire.
Ces deux éléments très subjectifs, à un moment donné, n’étaient plus suffisamment fédérateurs dans l’exécution de la stratégie d’instrumentalisation des populations du Nord et du Grand Nord de notre pays. Dans cet espace géographique, qui va au-delà de la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire, il n’y pas que des musulmans même s’ils sont majoritaires.
Une bonne partie des Mossi et Sénoufo est chrétienne ou animiste. Il y a aussi des Malinkés chrétiens. Il y a même des pasteurs et prêtes malinkés au Mali même si ce pays est à 90% musulman. En Côte d’Ivoire, dans le centre et le Sud forestier, vivent de fortes communautés dioulas (les quartiers dioulabougous) qui vivaient en parfaite symbiose avec leurs hôtes, bien sûr, avant l’arrivée de Ouattara sur la scène politique ivoirienne
Pour contourner « ces anomalies » qui gênaient l’exécution de sa stratégie d’instrumentalisation de nos frères du Grand Nord (ancien Empire du Mali) sur le terrain, Ouattara et ses conseillers sont passés à une étape supérieure au-delà de la religion musulmane. Ils ont introduit dans leur stratégie qui ne pouvait plus prospérer sur cette base, deux concepts nouveaux, à savoir le délit de faciès et le phénomène d’exclusion d’une communauté ethnique du système social et étatique, sur fond de xénophobie.
La Charte historique du Maden pour légitimer la Charte du Nord et « le rattrapage ethnique »
On se rappelle encore, la Charte du Nord qui divisait en 1991, la Côte d’Ivoire en deux. Initiée par des proches de Ouattara, elle était certainement une solution politique et militaire, à une exclusion imaginaire des Malinkés et des groupes ethniques assimilés . Cette malheureuse et historique Charte du Nord, a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Elle se référait, peut être , par ignorance ou pour sa légitimation, à la célèbre Charte du Maden (Mali) ou du Kouroukanfouga.
Pour la petite histoire, cette Charte a été appliquée dans l’Empire du Mali, par Soundiata Keïta, un digne Malinké, après sa victoire de Kirina en 1235, sur Soumaoro Kanté, Roi de Sosso. Notons que les Malinkés constituaient l’ethnie dominante de l’Empire du Mali et que la Charte du Maden , initiée par des vrais et authentiques chasseurs traditionnels (Dozos), est l'une des premières Déclarations universelles des droits de l'homme dans le monde. Contrairement à la Charte du Nord qui consacrait un repli identitaire, celle du Kouroukanfouga, magnifiait la cohésion sociale et la non instrumentalisation des populations. Elle comportait quarante articles sous formes de lois. On peut citer pour exemple, des lois sur l’interdiction de l’esclavage, l'éducation, l'écologie, la pratique des règles de cohabitation pacifique avec les peuples vaincus, après la bataille de Kirina, et le strict respect de la vie humaine.
Ce qui montre, soit dit en passant, que les Dozos à l’instar des rebelles de Ouattara, qui ont bu le sang des Ivoiriens en 2002 , et qu’il a déversés dans toute la Côte d’Ivoire, ne sont que des Dozos de circonstance. Ils n’ont rien de commun avec les chasseurs traditionnels, une caste de vrais initiés, respectés, qui constituaient la fondation mystique de la société mandingue sous l’Empereur Soundiata Keïta qui régnait en grand maitre dans l’humilité.
D’ailleurs, après sa victoire, l’Empereur Soundiata Keïta n’a pas proclamé, dans une sorte d’ethnocratie, la primauté des Malinkés sur les Bambaras, Wolofs, Toucouleurs et Soninkés qui ont perdu la guerre. Il disposait quand même, il faut le rappeler, d’une armée d’au moins cent mille hommes (100 000).
Tous les historiens sont unanimes. Après ces nombreuses conquêtes et sa victoire historique de kirina, le règne de Soundiata Keïta (XIII ème siècle) est connu pour être une époque de paix, de prospérité et de liberté individuelle, suite à la proclamation de la Charte du Maden . Dans leur livre respectif, « Soundjata Keïta ou l’épopée mandingue » et « Soundjata Keïta le lion du Mandingue » Djibril Tasmir Niane et Laurent Gbagbo parlent justement du parcours et du règne pharaonique de l’Empereur du Mali.
Rappelons que l’empire du Mali, qui est né sur les cendres de celui du Ghana (1235). Il regroupait les populations issues des différentes ethnies Mandingues et occupait l’espace géographique de toute l’Afrique de l’ouest. C’était un grand carrefour commercial important au moyen âge, pour les peuples nomades du Sahara et ceux de l'Afrique noire tropicale forestière. Selon des sources médiévales rédigées par des chroniqueurs arabophones, il y a bien longtemps que les populations de l’Afrique de l’Ouest se côtoient et vivent ensemble dans une harmonie parfaite. Même si, malheureusement, au XIX ème siècle, le système colonial, sur la base du principe de « diviser pour régner » est venu séparer ces populations regroupées en ethnie ou groupes sociaux, avec des frontières artificielles. Ouattara bien évidemment a utilisé cette vieille technique coloniale pour dresser les Ivoiriens du Nord et les étrangers (Malinké, et Voltaïque) contre ceux du centre, du Sud forestier et de l’Ouest montagneux.
Il a fondé cette division sur l’ethnie. Se fondant sur la vision de Max Weber, on peut dire, sans risque de se tromper, que Ouattara et ses conseillers ont utilisé le concept d’ethnie, comme un élément socioculturel d’identification et d’action politique. C’est un principe sociologique déterminant. Par instinct de survie, face à des menaces et des actes réels ou supposés de haine et d’exclusion, les populations cibles se retrouvent toujours et se reconnaissent d'abord, en communauté de sécurité et de solidarité. Cette communauté se fondant essentiellement sur la même origine ethnique.