Le rattrapage du régime Ouattara comme la fondation d’une épuration ethnique (1ère partie). Par Dr. Ben ZAHOUI DEGBOU - Glouziletnews

Le rattrapage du régime Ouattara comme la fondation d’une épuration ethnique (1ère partie). Par Dr. Ben ZAHOUI DEGBOU

Politique : Gouvernance du Régime Ouattara.

Le rattrapage du régime Ouattara comme la fondation d’une épuration ethnique (1ère partie). Par Dr. Ben ZAHOUI DEGBOU

Source : Glouzilet News Edition -- (Agence GLOUZILET) Date : 30-03-2025 18:42:29 -- N°: 10 --

Cette opération est réservées aux personnes identifiées
Vous êtes prié de vous connecter ou de vous inscrire

Bien venu sur notre plateforme.

Pour la promotion de votre activité, et même de sa création à partir de nos outils, vous pourrez créer, autant que vous le souhaitiez, des sites internet, avec une simplicité et un temps record.

Notre mission est de vous accompagner dans le domaine de la communication numérique de vos business.

Vous aurez, par la suite, la possibilité de publier des articles de presse et des vidéos pour faciliter la divulgation d’informations de tous champs

Merci d’avoir choisi

Mot de passe

Alassane Dramane Ouattara, Président de la République de Côte d'Ivoire

image -- Le rattrapage du régime Ouattara comme la fondation d’une épuration ethnique (1ère partie). Par Dr. Ben ZAHOUI DEGBOU

Le Président de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara a enrichi, la langue française avec le néologisme suivant : « Le rattrapage », à enseigner désormais dans les facultés de science politique ou de sociologie. L’académie française devrait en principe lexicaliser ce nouveau concept politique qui pourrait faire l’objet d’une thèse dans ces disciplines. C’est dans une interview accordée au journal français L'Express, qu’Alassane Dramane Ouattara, a utilisé pour la première fois, le mot « rattrapage ». Ceci en marge de l’un de ses multiples voyages en Hexagone en 2012.

A cette occasion, le Président Ouattara disait exactement ceci dans ce journal français :  « Il s'agit d'un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40% de la population, étaient exclues des postes de responsabilité » . Il  s’expliquait justement, sur ses nombreuses et incompréhensibles nominations tribales, dans l'administration publique, dans la Police et dans l’Armée ivoiriennes, exclusivement réservées aux cadres du Nord.  Il faut noter que c’est bien la première fois, qu’un dirigeant africain, à ce niveau de responsabilité, reconnait ouvertement et sereinement, qu’il fait ses nominations sur une base tribale et communautaire. 

Cet aveu inédit, a fait le tour du monde. Beaucoup d’encre et de salive ont coulé,  sur le néologisme du Président Ouattara . Les linguistes diront que c’est un néologisme de sens, parce que le mot rattrapage existe déjà dans la langue française. Alors, il n’est pas inutile de jeter un regard sur la connotation de ce nouveau concept    qui, ici, ne peut qu’être couplé avec l’adjectif   ethnique.

  Le  « rattrapage »  concerne les membres d’une   ethnie qui, semble t-il, étaient exclus des nominations aux postes de responsabilité par le Président Laurent Gbagbo.  L’adjectif ethnique est une épithète liée, postposée du syntagme (mot)   rattrapage . En grammaire moderne, on dira que le mot ethnique est le complément du nom   rattrapage .  L’explication est toute simple. Dans le néologisme  « rattrapage ethnique »  ou  « rattrapage » fait sur la base de l’ethnie, le groupe de mots    « fait sur la base de l’ethnie »  remplace justement l’adjectif  ethnique qui est par conséquent, complément du nom rattrapage dont la sémantique est déterminante dans cette réflexion.

Selon Emile Littré, rattraper  veut dire,  attraper à nouveau et le verbe rattraper peut avoir deux déclinaisons possibles. Il peut signifier joindre, rattraper quelqu’un sur une distance. Il peut aussi signifier  compenser, faire l’équilibre, entre deux entités.

Dans le fond, sur le plan sémantique , le Président Ouattara a abusivement utilisé le mot «  rattrapage » , parce qu’il ne fait pas un équilibre entre les nominations du Président Gbagbo et les siennes.

Il a renvoyé  carrément tous ceux qui ont été nommés par lui et qui ne sont pas du Nord, pour les remplacer par des ressortissants du Nord de la Côte d’Ivoire. En un mot, il a limogé tous ceux qui ne sont pas de la même ethnie que lui (Mandé ou Voltaïque).   Normalement, Ouattara fait ce qu’on pourrait appeler une « épuration ethnique ».

 Il va même au-delà du «   rattrapage » sur la base de son ethnie, mais restons dans le sens que le Président Ouattara donne à son concept . Le terme ethnie lui-même est  un concept sociologique colonial. Dans ses enseignements, le professeur Niangoran Bouah préférait utiliser le terme de groupe social à la place d’ethnie qui a une connotation  fortement péjorative.

 Ethnie ou  groupe social, politiquement instrumentalisé par Ouattara.

 Le terme ethnie est apparu dans la langue française en 1896. D’origine grecque (ethnos signifiant gens de même origine), il désigne un groupe de personnes, un groupe social possédant un ou plusieurs traits socioculturels communs, comme la langue, la religion ou des traditions communes. Le résultat d’une recherche documentaire sur le terme ethnie,  nous montre clairement qu’il y a deux approches sociologiques incarnées par Paul Mercier et Max Weber qui représentent également deux écoles.  Pour l’essentiel, résumons-les rapidement. Ces résumés faciliteront la compréhension de la suite de notre analyse sur le « rattrapage ethnique » du régime Ouattara. 

 L’approche de Paul Mercier : Elle privilégie dans la définition du concept d’ethnie, les critères objectifs que sont la langue, la religion, la coutume, les liens d’ascendance et de descendance. On pourrait ajouter à ces critères, l’espace géographique généralement partagé par les membres d’une même ethnie.

L’approche de  Max Weber ,  quant à elle, considère l'ethnie, non seulement comme un construit social, mais aussi, comme un phénomène instrumental, dans les luttes sociale et politique. Cette approche de l'ethnie, il faut le noter, a permis l'émergence du concept « d’ethnicité » (les liens qui unissent les membres d’une même ethnie) dans la littérature. Ces liens peuvent être créés dans « la vie d’une ethnie », prise ici, comme un système social qui fonctionne, qui évolue dans un espace géographique ouvert à d’autres influences culturelles.

En clair, pour Max Weber, la langue, la religion et la culture sont des critères subjectifs pour définir une ethnie. Il considère d’ailleurs une ethnie, comme un construit social et un instrument de lutte sur la base d’intérêts communs. Rapportée à la Côte d’Ivoire, c’est  l’approche de Max Weber que nous retiendrons pour appuyer notre réflexion.

L’approche du sociologue allemand, nous donne des repères qui indiquent justement, comment Alassane Dramane Ouattara dans sa course vers le palais présidentiel,   a mis en place  un construit social, une identité communautaire autour du Malinké et de l’Islam depuis 1993 En fait, autour du  Malinké,  une langue, en même temps, un groupe ethnique dont l’espace géographique d’influence, transcende largement les frontières ivoiriennes. Vous avez déjà compris pourquoi la crise en Côte d’Ivoire qui a commencé depuis 1993, après la disparition du Houphouët Boigny,  a pris une proportion ouest-africaine. Un travail de fond a été fait sur le long terme.

.
Dr. Ben ZAHOUI-DÉGBOU Géographe-Journaliste spécialiste de Géopolitique et de Commerce International.

Masterant en Théologie, BIBLEDOC,
Institut de Théologie, P.O. BOX 118 STAFFORD, VA - USA

Glouziletnews
Les publications de Glouziletnews